Dans ce lieu l’on éprouve avec force qu’un homme marche et respire. Chaque page entraîne à quelque victoire nouvelle. Si le réel est multiple et changeant, cette multiplicité est bonne, ce mouvement nous donne l’être, puisque je détiens le pouvoir d’y retrouver, par l’exercice de la parole, et la nécessité qui fait ployer la nature et le principe de ma liberté.
Une tâche sacrée incombe donc à celui par qui le langage est restitué à la communauté humaine. Il doit dénombrer, il doit décrire, il doit ordonner les choses, dont Marc-Aurèle disait : leur enchaînement est saint. La grandeur véritable conduit à vouloir l’univers.
Le vers, la strophe et le poème scintillent enfin d’un même éclat. Rien n’est abandonné de ce qui contribue à soutenir l’affirmation de l’esprit. Le corps magnifié s’accorde à sa puissance. L’action exemplaire, l’idée du Tout la régit.
Une sagesse très ancienne inspire le seul maître que nous puissions aujourd’hui honorer. Aussi bien le prix qui s’attache à son œuvre ne dépend-il pas de notre sentiment. Cette grande parole retentit à ciel ouvert. Une sérénité souveraine l’empreint. Sachons qu’il nous est loisible d’en tirer bénéfice.
Qui procéderait ici au rassemblement des images, rapprocherait des mots, analyserait les richesses d’une diction parfaite, n’atteindrait pas le lieu qui nous est proposé. La vérité d’un poème accomplit n’apparaît qu’au regard qui l’embrasse. Elle est, d’abord, signe, et paysage.
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