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Alain Bosquet évoque Saint-John Perse

Alain Bosquet, dans l'émission "Le masque et la plume", début 1958 : son livre de l'année 1957 est Amers de Saint-John Perse.

  

Interrogée en 2005 pour France Culture dans le cadre de l'Hommage à Saint-John Perse rendu par La nouvelle anabase en Sorbonne, Michèle Aquien livre son analyse à propos du document précédent et de la relation de Bosquet à Perse.

  

Interview d'Alain Bosquet lors de la parution de sa monographie de Perse. RTF, "La vie des Lettres", 13 janvier 1953.

  

EXÉGÈSES - Alain Bosquet, le persien pionnier

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

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"Cinq jours plus tard, Marthe de Fels me téléphone : prendrais-je une tasse de thé chez elle, pour évoquer Alexis ? Nous le faisons dans la piété et dans une sorte de ferveur triste. je lui fais part de mes réserves au sujet du volume de la Pléiade, entièrement préparé et mis au point par Perse : les éléments biographiques [...] y sont tendancieux, tandis que ses lettres, sans qu'il ait consulté leurs destinataires, apparaissent avec des coupures, des omissions, des arrangements qui lui donnent toujours le beau rôle. Je ne lui cache pas mon malaise : tout, dans la vie littéraire de Saint-John Perse, a été orchestré par lui, sans faille ni humilité naturelle. Sa majesté nous est connue, ainisi que sa façon de dominer son oeuvre, au même titre que ses amitiés. Cette image, au fur et à mesure que les témoins disparaissent, qui pourra la corriger ? Bref, connaîtra-t-on jamais Alexis Léger intime ? Je fais appel au sens des réalités de mon hôtesse. Elle possède du poète des lettres intimes, qui révèlent, il ne faut pas en douter, un tout autre aspect de lui, ne serait-ce que l'homme amoureux. Je ne lui demande pas de les publier dans un avenir proche, mais de prendre des dispositions pour plus tard, beaucoup plus tard.. Elle a cette phrase décisive et toute de panache :

- Mon cher ami, je suis du monde où l'on brûle les lettres.


On ne connaîtra jamais de Saint-John Perse que la parade, la solennité, la grandeur étudiée, le mythe, la légende, le personnage privé de ses angoisses et de ses simplicités. Je me ferai peu à peu à l'idée que l'osmose entre l'oeuvre et l'homme n'est pas un superbe artifice. Mais, quelque part, j'en souffrirai."

Ce qui pourrait néanmoins prémunir tout un chacun, de ne pas en souffrir, au contraire de ce dernier regard de Bosquet, c'est finalement de remarquer qu'en dépit de ces ultimes accents d'amertume qu'exprime le critique dans ses souvenirs, cet élan pour le "poète immortel" dont il chanta les louanges dès 1942 jamais ne fit défaut au persien pionnier que fut Alain Bosquet. Pour saluer une nouvelle fois le rôle primordial que sut relever dans la durée l'un des premiers prestigieux commentateurs de l'œuvre, nous réécouterons sa voix et son enthousiasme caractéristique dès qu'il était question de Saint-John Perse : ci-contre, archive sonore - Alain Bosquet, chroniqueur régulier à la si célèbre émission de François-Régis Bastide et Michel Polac, Le masque et la plume, est interrogé au tout début de 1958 sur son choix du "livre de l'année", en guise de bilan de l'année littéraire 1957 (année même où il dirige dans Combat un Hommage international à son poète favori). Comme on pouvait s'y attendre, Bosquet saisit alors l'occasion pour redire toute son admiration de Saint-John Perse : son livre de l'année, résolument, sera Amers, publié quelques mois auparavant chez Gallimard. Un plaidoyer pour l'écart absolu et la grandeur de cette poésie, en des temps de complaisance.

Mis bout à bout, il en ressort le portait du poète d'exception, bien sûr, mais aussi d'un homme comme "anachronique" dans son époque, appartenant à d'autres temps et d'autres moeurs et en somme, un homme vivant dans son monde, s'étant forgé un imaginaire qu'il se plaît à présenter à ses interlocuteurs grâce à un rare talent de conteur que l'on connaît bien et sur lequel sont revenus bien des témoins. Un homme très préoccupé par sa postérité aussi. Toutes choses que l'on sait, et que le témoignage honnête de Bosquet a contribué à clarifier. Pour sa part, il aurait souhaité, contrairement à ce que lui sembla dégager de hiératisme le volume des Œuvres complètes, une plus grande proximité, évitant la pose - et c'est sur cette sorte d'amertume que s'achève le propos relatif à Saint-John Perse dans La mémoire ou l'oubli, Bosquet retraçant son entrevue avec Marthe de Fels quelques jours après la mort d'Alexis Leger :


























Faut-il, en fin de compte, que Bosquet ait pris finalement tant de distance avec cet aspect "travaillé" du personnage que s'était forgé Leger pour ainsi regretter que ce dévoilement de l'humanité dissimulée sous les fards de la maîtrise, aille jusqu'au souhait d'une révélation de l' "intime". On peut en tout cas demeurer songeur devant une telle mutation, de la part de celui qui avait si volontiers secondé en coulisses l'édification de la légende ("La personne de l'auteur n'appartient pas à son public") et qui devait in fine succomber lui aussi au désir de quelque complaisance au goût du jour... En voyant là paradoxe et même complaisance, je suis pour ma part convaincu que Bosquet préfigure à merveille cette sorte de lancinant agacement qui ultérieurement devait se répandre comme une inexorable traînée de poudre dans le rapport à Saint-John Perse. A coup sûr est-on fondé à voir là l'effet d'une longue fréquentation de l'homme forgeant non point tant son oeuvre que la réception de son oeuvre, de cet homme à la recherche si effrénée d'un sempiternel contrôle : sans doute y a-t-il quelque chose de très humain dans cette exaspération elle-même. On connaît pour autant, vingt ans après l'écriture de ces lignes, les errements de cette veine de la volonté forcenée de traquer la "vérité" de l'homme sous le verni de la légende. Nous ne reprendrons pas "le thème à sa naissance" : le débat, mille fois mené, serait encore très vaste ; il importe surtout que la recherche d'une "osmose entre l'oeuvre et l'homme" fut reconnue par Bosquet comme dépassant l'artifice. A méditer, quoi qu'il en soit.




  

Au demeurant, c'est bien le rôle que joua incontestablement ce petit volume si efficace en effet dans sa facture et qui fut voué par la suite à une pérennité remarquable. L'ouvrage, maintes fois réédité, permit on ne peut mieux d'initier nombre de profanes à cette poésie dont l'accès était déjà réputé si délicat au moment de sa rédaction. Qu'il s'agisse de l'accroissement du lectorat ou même de l'engouement progressif des critiques, on peut aisément constater la mutation que permit ce moment charnière de la publication des premières études critiques de poids que sont les ouvrages de Caillois et de Bosquet. Dans La mémoire ou l'oubli, et sans en tirer gloriole pour autant, Alain Bosquet le constate d'ailleurs :


"Désormais, à partir de 1954, la gloire de Perse fait une sérieuse poussée. Les livres, en quelques sortes conjugués, de Roger Caillois et le mien, y sont pour quelque chose, comme la réapparition de la NRF." (La mémoire ou l'oubli, op. cit., p. 285)


Cette petite et puissante monographie, qui place Saint-John Perse dans le registre de la grandeur poétique et s'attache à pister les repères génériques de l'oeuvre suivant l'ordre chronologique des poèmes, est donc indissociable de la ferveur persienne de son auteur, de cette admiration que l'on sent poindre à chaque page. Néanmoins, à la lecture des souvenirs consignés dans La mémoire ou l'oubli, on peut aisément s'apercevoir que la distance du temps opérant, l'admiration intacte pour l'oeuvre n'empêche pas une lucidité souvent aigre envers l'homme et ses stratégies propres, ce qui confère à ces pages un ton parfois irrévérencieux, du moins sarcastique et en tout cas d'une grande efficacité dès qu'il s'agit d'évoquer la personne d'Alexis Leger, si bien décrit à plusieurs moments de sa fréquentation du critique. Le récit des différentes rencontres, à Washington ou à Paris, dans les années cinquante et soixante, valent leur pesant d'or.

De l'art succulent de manier le chaud et le froid, pourrait-on dire : diplomate et maître d'oeuvre, jusqu'au bout. Car comme on peut le deviner à lire ces premières réactions vis-à-vis du projet, l'entremise du poète ne s'arrêtera pas là, et avec l'aval tacite de Bosquet, Saint-John Perse va, comme l'atteste cette correspondance, s'ingénier jusqu'à la parution effective à contrôler le plus étroitement qu'il lui sera possible l'élaboration de la monographie, allant jusqu'à réécrire les passages lui paraissant devoir être revus, à partir des épreuves communiquées par le critique, ou lui indiquant les meilleures voies d'un réexamen (comme il en est par exemple pour la première partie de l'étude critique, "De la grandeur en poésie"), ou fournissant même à Bosquet toute la partie biographique - sorte de galop d'essai de la "Biographie" de la Pléiade - comme il le fit avec Jacques Charpier. Maître d'oeuvre, maître de navigation comme dans Amers, et qui préside aux destinées de la parole critique portée sur son oeuvre : "En fait, aux yeux de Saint-John Perse, l'essai d'Alain Bosquet sera chargé de représenter une certaine orthodoxie dans la lecture de ses oeuvres" (Michèle Aquien ./ Roger Little, op. cit.).


S'il en est ainsi, si donc Saint-John Perse fait preuve d'un tel souci de contrôle, c'est aussi parce que le poète a bien compris, en ce tournant des années cinquante, tout l'intérêt qu'il a de profiter de la grande diffusion de cette collection des "Poètes d'aujourd'hui", pour y introduire une sorte de contre-pied au récent et désastreux essai de Maurice Saillet, Saint-John Perse, poète de gloire, paru en 1952. On sait l'acrimonie nourrie - à juste titre - par Perse envers cet essai qui relevait plus de l'intention de caricature que de l'approche critique, et l'insistance qu'il a eu dans la Pléiade, d'appuyer son désaveu vis-à-vis de la publication, prenant en quelque sorte à témoin Caillois, Bosquet et Paulhan, en plusieurs lieux de sa correspondance publiée, et des "Notes" qui s'y rattachent. En s'assurant d'une lecture conforme à ses propres conceptions esthétiques, et particulièrement de la stricte étanchéité de la considération de l'oeuvre et des données biographiques (Bosquet allant jusqu'à reprendre pour titre d'une section de son essai le credo de Perse en la matière : "La personne de l'auteur n'appartient pas à son public"), Saint-John Perse voit donc dans l'ouvrage un efficace contre-feu à l'encontre des élucubrations de Saillet. C'est ce qui ressort on ne peut plus clairement de la lettre qu'il adresse à Alain Bosquet le 31 octobre 1952 :


"Après la publication du livre de Saillet, il n'y a plus à hésiter : Seghers - et le plus vite possible. Votre livre fixe une interprétation que je voudrais voir s'établir le plus largement possible, avant que ne prévalent, à faux, d'autres présentations. Le tirage de Seghers, la force acquise de la collecton en fait de vulgarisation, et l'attrait documentaire de ses éditions, avec la justification de textes qu'elles comportent, favorisent la course du livre appelé à faire autorité." (Correspondance Alain Bosquet / Saint-John Perse, op. cit., p. 132-133).


  

Itinéraires d'un critique adoubé


Tout en finesse, Alain Bosquet sut ménager quant à lui sa marge d'action propre, et éviter ce qui aurait pu se transformer en férule au gré du temps. Car la "grande affaire" de cette correspondance est, à partir de 1951, l'élaboration par Bosquet de sa fameuse monographie de Perse qui paraîtra chez Seghers en 1953, dans la célèbre collection des "Poètes d'aujourd'hui". Moment clef de la diffusion de l'oeuvre, la parution de ce volume qui marque en quelque sorte le début de la critique persienne (surtout quand on prend en compte la proximité de la première édition par Roger Caillois en 1954 de sa Poétique de Saint-John Perse), fait suite à toute une  une phase de préparation dans laquelle à vrai dire, on peut lire une réelle collaboration avec le poète lui-même. Quand Bosquet évoque son projet en octobre 1951, Saint-John Perse témoigne d'un réel enthousiasme, qui ne lui empêche pourtant pas dès février 1952, de faire part à Bosquet cette appréciation plus que méprisante à l'endroit de la collection :


"J'ai parcouru toutes ces publications de la Collection en question (remerciez pour moi Seghers de son envoi), et j'en ai gardé une pénible impression : vulgarité de ton et d'aspect, présentation de mauvais goût et style d'article de bazar (ce format de mauvaise boîte à bonbons, ces couvertures de couleurs fausses et ce placardage de "drug-store") - et, plus que tout, l'affreuse médiocrité de la reproduction photographique. Aucun correctif possible, puisqu'il s'agit d'une collection standardisée. [...] A mon point de vue même, des publications anthologiques comme celles de la "Collection des Poètes d'aujourd'hui" ont déjà l'inconvénient de détourner de l'oeuvre intégrale le lecteur superficiel, dont elles flattent la paresse. [...] L'important, dans tout cela, c'est votre étude, qui doit élever le niveau de ce genre de publications, pour vous-même et pour le crédit que je voudrais vous voir vous tailler à Paris. Au travail donc et ne vous laissez pas trop affecter par ce que je vous ai dit de la Collection de Seghers : j'imagine assez bien les difficultés de l'époque pour en tenir compte dans mon jugement et reconnaître tout le mérite de l'Editeur (encore que l'éclectisme de ses choix n'ait pas toujours été heureux du point de vue purement littéraire)." (Correspondance Alain Bosquet / Saint-John Perse, op. cit., p. 101-103)


  

"D'une manière générale, l'intérêt presque anxieux qu'a Saint-John Perse pour la vie publique de son oeuvre est patent : que ce soient les éditions de référence (il y a les bonnes et les mauvaises), tout le relevé précis et minutieux des coquilles, les parutions en revue, les traductions, les mises à jour bibliographiques, les droits des éditeurs, les états critiques, rien ne lui échappe, on a de longues listes soigneuses de relvés de coquilles ou d'indications bibliographiques, et il compte sur Alain Bosquet comme sur un fidèle relais pour défendre la lettre et la diffusion de ses œuvres."


  

"La correspondance avec Perse, devenu un homme et un poète auquel je ne cesse de me référer et à la gloire de qui je sais désormais que je me vouerai, se poursuit avec assiduité et, je dois dire, avec une chaleur qui tour à tour me flatte et me terrorise. Je ne prends aucune précaution à la face des poètes comme Eluard, Supervielle, Fombeure, Follain, Pierre Emmanuel, Salmon, que j'apprends à fréquenter. Je fais sans relâche l'éloge de mon poète favori, aux dépens des maîtres de l'heure, même quand ils s'appellent Claudel, Breton ou Reverdy. Cette stratégie - Roger Caillois m'appuiera bientôt, relevé plus tard par Paulhan et Marcel Arland - me vaut des sarcasmes, des exclusives et peut-être des haines. Dans la France des années 50, vouée au civisme et encore mal lavée des rhétoriques de la Libération, il n'est pas adroit de répudier le nationalisme, le stalinisme, la raison, le bon sens. La droite comme la gauche ne savent que faire de ce barde ésotérique qui manie une si belle langue, au service d'un dessein si obscur ! Le moralisme rampant de Sartre, de Camus, d'Aragon, de Theilhard de Chardin, de Gabriel Marcel, ne lui sont guère favorables ; de surcroît, il refuse de rentrer en France."

Interrogé par Jean-Denis Bonan en 1995, Alain Bosquet évoque son article "Saint-John Perse, poète immortel" paru dans La Voix de la France en 1944.

Alain Bosquet, commentateur et propagateur de la première heure

de l'œuvre de Saint-John Perse

La longue correspondance entre Bosquet et Perse, qui s'étend de 1942 à la mort du poète en 1975, dont quelques bribes figurent dans les Œuvres complètes de la Pléiade, a été éditée dans les Cahiers de la NRF par Michèle Aquien et Roger Little en 2004. Il est particulièrement délectable d'y suivre l'évolution d'une relation forte, dans laquelle le poète ne tarda pas du reste à distinguer l'intérêt bien mesuré qui était le sien à ménager les efforts appuyés de son premier propagateur et critique, pour faire connaître son oeuvre. Dans La mémoire ou l'oubli, Alain Bosquet se montre tout à fait lucide quant à cette relation, faite de cette "sorte de diplomatie des relations épistolaires" selon son expression, cette politesse protocolaire dont Perse ne se défaisait jamais et qui fait le charme de sa correspondance. Il s'agit aussi pour lui d'asseoir à travers tant de sollicitude, le même souci de maîtrise de la diffusion et des commentaires autour de son oeuvre, souci que l'on retrouve par ailleurs dans la relation à Roger Caillois. C'est en ce sens que Michèle Aquien et Roger Little remarquent, dans l'introduction à leur édition de cette correspondance :

Le tribut d'une longue ferveur


Avec Roger Caillois et Pierre Guerre, le rôle important joué par Alain Bosquet dans les années cinquante quant à la diffusion de l'oeuvre de Perse, est significatif de tous les efforts qui furent déployés dès cette époque par quelques-uns pour la transmission d'une poésie quelque peu déconcertante dans le paysage littéraire d'alors. Son office est à ce titre exemplaire d'une ferveur durable qui jamais ne se démentit, du jour où, en 1942, le jeune Alain Bosquet fit paraître aux Etats-Unis dans l'organe de la France libre La voix de France dont il était alors secrétaire de rédaction un article particulièrement dithyrambique à propos de Perse, suite à l'édidition dans la revue Poetry du poème "Exil". L'article, intitulé "Un poète immortel : Saint-John Perse" (et que Bosquet attribua à tort par la suite à la publication de "Pluies", paru en 1943 aux Lettres françaises), plaçait d'emblée la relation de l'un des futurs hommes de Lettres français essentiels d'après-guerre avec le futur Prix Nobel de Littérature, dans le registre d'une admiration enthousiaste qui peut expliquer l'ardeur qu'il mit par la suite à promouvoir activement l'œuvre poétique de Saint-John Perse. Il faut avoir lu le chapitre consacré à Perse dans La mémoire ou l'oubli, volume de mémoires littéraires publié par Bosquet en 1990, pour comprendre  quelle lucidité et quel volontarisme révèle cet activisme, frayant dans un contexte littéraire aux antipodes de cette poésie qui semble comme lointaine de toutes les préoccupations de l'heure :