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Tel est le premier terme de l'énigme, et voici le second :

C'est que Perse ne renonce pas pour autant les diverses ambitions des poètes modernes - diverses, mais curieusement convergentes. Il exige de la poésie qu'elle soit tout à la fois un mode de connaissance et une façon de vie : la vie la mieux comblée, la connaissance la plus véridique. Et certes il s'allie la beauté, mais il n'en fait pas son but ni même sa réflexion. Certes encore il s'allie le plaisir. Il dit volontiers que la fin de la poésie est la délectation. Mais il n'a jamais recherché cette délectation pour elle-même. Plaisir et beauté, on dirait qu'il les a rencontrés par hasard. Il n'a pas plus tôt évoqué les avidités, les passions et les prises de notre cœur – ce cœur avide et enténébré – qu'il ajoute étrangement : "Mais nous vivons d'outre-mort" (quelle outre-mort ?) ; et encore : "notre route tend plus loin" (quels lointains ?)... "à quelle outrance courons-nous ?". Et : "le grand pas souverain de l'âme sans tanière...

Que le mot d'âme ne nous trompe pas. C'est parmi les ruines saintes et l'émiettement des vieilles "termitières" - il s'agit, je pense, des religions - que ce pas se fait entendre. "Grands aînés, dit encore Perse, vous n'aviez dit le mot... l'hôte est absent... Dieu l'aveugle..." Mais lui, qu'a-t-il donc vu ? Par quelle route est-il passé ? Quelle expérience a-t-il conduite ? Or, il n'arrive pas à Perse de tricher. Il ne songe ni ne rêve, il a les pieds sur terre, et son poème n'offre pas un détail qu'il ne soit aisé de vérifier - dût-on, pour ce faire, s'adresser au sociologue, au voyageur, au botaniste, au numismate. Il tient en horreur les causes invisibles, ayant la précision du savant, comme il en a la rigueur. Bref, je puis me fier sans réserve à ce que m'apprend "une seule et longue phrase sans césure", son poème.

Si je considère plus attentivement cette phrase, je m'aperçois que l'énigme est de tous les instants ; elle prend trois formes particulières : celles d'une épopée sans héros, d'une louange sans preuves, d'une rhétorique sans langage. »

Archive : Jean Paulhan s'entretient en 1951 avec Jean Amrouche et André Dhôtel à propos de la parution d'un Hommage à Saint-John Perse dans les Cahiers de la Pléiade.

  

EXÉGÈSES - Jean Paulhan, le passeur

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La passionnante correspondance échangée par Saint-John Perse et Jean Paulhan a été éditée par Joëlle Gardes-Tamine dans le N° 10 des Cahiers Saint-John Perse, Gallimard, 1991.

Mais Perse réunit tout ce que la poésie moderne séparait. Il n'y a pas la moindre solution de continuité dans ses poèmes. Il use moins d'images lointaines que d'images voisines ; moins de métaphores solitaires, que de comparaisons et de confrontations. Les mille ruses de la rime, de l'assonance et du métagramme, des deux points, de la parenthèse et des tirets fondent la communauté des objets qu'il nous offre. Pas plus qu'il ne fait place dans son âme à l'injustice ou à la peur, il n'est de lieu dans sa parole qui s'ouvre au trouble, à l'incohérence ou à la solitude.

Ouvrez les vieux dictionnaires, Poème veut dire :"ouvrage en vers, harmonieux et plaisant, d'une certaine étendue". Cependant le mot a changé de sens : de nos jours, il signifie plutôt : "ouvrage en prose, inharmonieux, désespéré, et (dit Valéry après Emile Deschamps), plutôt bref". Mais Perse lui restitue un sens antérieur. Son oeuvre certes échappe - par quel biais ? - à la mesure commune : c'est à la faveur d'un retour des mesures, il se peut, éternelles - antérieures en tout cas. Comme s'il en avait long à nous apprendre sur la condition du poète et sur la mesure de la poésie.


  

Ce qui suit est l'introduction de ce texte dense et essentiel dans l'émergence même d'une critique de fond attachée à l'œuvre et à son organisation interne.


« L’œuvre de Saint-John Perse pose une énigme très précise que je tenterai de résoudre.

Voici le premier terme de l'énigme : c'est que Perse rompt avec la poétique moderne, et les traditions que nous imposait déjà cette poétique. Rimbaud et ses enfants usent d’une expression spasmodique, où l’image tient sa vertu moins de la ressemblance que du contraste des objets qu’elle réunit. Mallarmé et ses disciples usent d’une syntaxe fragmentaire et sporadique, où la métaphore s’enferme en elle-même, comme dans un proverbe, comme dans une île. D’où suivent (s’ils ne les ont précédé) la solitude et le désespoir. On dirait qu’une poésie parcellaire est à tout instant chassée, et s’en désespère, de la voie même et de la condition de la littérature.

 


  

Jean Paulhan, en compagnie de Saint-John Perse

sur la presqu'île de Giens

Jean Paulhan, l' "incontournable", le "Pape des Lettres "

en France, fut aussi un persien de la première heure

La recherche d'une singulière modernité


D'abord paru dans plusieurs livraisons de la Nouvelle Revue française, de novembre 1961 à mars 1964, l'étude que Paulhan consacre à Saint-John Perse, Enigmes de Perse, est placée sous le signe de la fascination pour un univers tenu pour référence dans la déploiement même de la parole poétique. C'est là le fruit d'une lecture attentive, mais aussi de la fréquentation personnelle de Perse, auquel Paulhan est lié par une ancienne amitié. L'étude plaît beaucoup à Saint-John Perse lui-même, qui en fera figurer en bonne place de larges extraits dans le volume de ses Oeuvres complètes (p. 1306 à 1327). C'est là le signe d'une adhésion avec la lettre de cette intention esthétique du poète : avec le texte de Paulhan, seulement deux autres études sont ainsi abondamment citées dans la Pléiade, celle de Caillois bien sûr et celle d'André Rousseaux.