Jeunesse fervente 1905-1916
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Un service de propagande a été créé par le gouvernement pour la presse étrangère : la "Maison de la Presse", à laquelle Leger est rattaché, tout comme Cocteau, Giraudoux et Paul Morand.
Précisément, le témoignage de Paul Morand (voir document vidéo) est intéressant à propos du jeune Leger, qu'il rencontre en 1914 lors du concours d'entrée au Mnistère. Il en sort l'image d'un jeune homme discret, quelque peu secret, et en marge de la vie estudiantine de l'époque. Un jeune poète en gestation, qui puise de toute évidence dans une certaine intériorisation les germes à venir de son expression littéraire. On y retrouve les éléments de ce qui n'est donc pas qu'une légende : celui par exemple de cet appartement où ne se trouvait qu'une male, comme si Alexis Leger, dès cette époque, était en quelque manière en partance vers un ailleurs hypothétique et à l'écart de tout encrage, surtout dans ce Paris qu'il aimait si peu.
Réussite au concours d'entrée aux Affaires étrangères, auquel Leger se présente en fait en limite d'âge. Au début de la guerre, il est nommé au service de presse du cabinet du ministre Delcassé.
C'est au cours de ces années que Leger prépare assidûment le concours des Affaires étrangères, à l'Ecole des hautes études commerciales, en section diplomatique - tout en effectuant de longs séjours en Angleterre et en Allemagne.
Ces années de jeunesse sont marquées par une intense activité intellectuelle, d'abondantes et très éclectiques lectures, des préoccupations philosophiques très vives. Il résiste à une tentative de conversion forcée, entreprise par Claudel, chez Jammes. Il développe un très vif intérêt pour la musique, se passionne pour Debussy et l'école russe. Service militaire effectué au 18e régiment d'infanterie de Pau.
A Pau, il fait la rencontre du poète Francis Jammes, qui aura une certaine influence sur les Images à Crusoé. Il partage avec Jammes le goût de l'herborisation ; il se lie au poète et à sa famille.
La scolarité du jeune Alexis a lieu au lycée de Pau, où il se lie d'amitié avec Gustave-Adolphe Monod. Le sud-ouest est le cadre de cette jeunesse d'adaptation à une nouvelle vie ; l'adolescent apprécie particulièrement les promenades en montagne, dans les Pyrénées toutes proches. Son mode de vie fait place à une grande pratique sportive (l'équitation, qu'il pratiquait déjà en Guadeloupe bien sûr, mais aussi l'escrime et la voile).
La lecture de Nietzsche et de Spinoza demeurera comme une constante dans l'univers intellectuel du poète
L'appui de Philippe Berthelot au jeune Alexis Leger ne se démentira pas pour son entrée au Quai d'Orsay et durant les années suivantes.
Publication d'Eloges en volume aux éditions de la NRF. Sous la recommandation de Claudel notamment et encouragé par Arthur Fontaine, Secrétaire général du Ministère du Travail, il est introduit dans le milieu de Ministère des Affaires Etrangères (surtout auprès de Philippe Berthelot), dont il décide de préparer le concours d'entrée. Fréquents voyages au cours de ces années, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre (Londres principalement, où il séjourne longtemps en 1912).
Tout au long de ces années également, le jeune Leger fait beaucoup de rencontres prestigieuses, fréquentant certains cercles littéraires et artistiques parisiens : Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue, Francis Viélé-Griffin, Paul Valéry, André Gide, Igor Stravinsky, Eric Satie... A Londres, il rencontre le poète Rabindranath Tagore et Joseph Conrad et Alain-Fournier à Saint-Sauveur.
Une première version d'Eloges est publiée le premier juin à la NRF, qui laisse apparaître certaines coquilles, ce qui bien sûr irrite le jeune poète, qui décidera, dira-t-il plus tard, de modifier son écriture, à la suite de ces déboires.
Mort de son père, ressentie très douloureusement par Alexis, alors âgé de vingt ans. Selon ses propres témoignages, ses relations avec son père étaient très proches. Compte tenu de la toute nouvelle situation matérielle de la famille, il est contraint d'interrompre ses études et prend en charge la subsistance des Leger.
Ces années sont également celles, de l'aveu même de Leger, où il traverse ce qu'il nomme une "crise philosophique et spirituelle". A la lecture de Spinoza et Nietzsche, il reformule entièrement ses conceptions et les idéaux philosophiques qui se retrouveront dans ses poèmes. Contre l'acédie et le règne de la mélancolie, il opte résolument pour les valeurs d'énergie et de volonté.
Début d'une licence de philosophie. Lecture de Nietzsche et Spinoza. Rencontre de Jacques Rivière. C'est également à cette époque que l'étudiant entreprend une traduction des Epinicies de Pindare, qui laissera une trace certaine sur ses options en matière de métrique.
Obtention du baccalauréat avec mention. Etudes de droit à Bordeaux, où il suit également des cours de médecine, de Sciences et de Lettres, répondant là à sa curiosité intellectuelle, sa soif de savoir. Il se lie avec le petit cercle littéraire et artistique constitué par Gabriel Frizeau, viticulteur bordelais lettré et esthète. C'est chez Frizeau qu'il rencontre Paul Claudel, ou encore le peintre Odilon Redon.
Il rédige Images à Crusoé, qu'il publiera dans la Nouvelle Revue Française en 1909 et où, revisitant le mythe de Robinson Crusoé, le personnage du banni qui vit le retour à la civilisation comme un damné, hanté par le souvenir obsédant de l'île, rappelle bien une certaine trajectoire...