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Ce commentaire détaillé (cliquez ci-contre) a été établi dans un souci de proximité maximale par rapport au texte, proposant une sorte de lecture suivie qui doit permettre de se repérer dans le poème, pour les approches critiques ultérieures. Il ressort donc du parti pris minimal d’un éclairage premier du sens général empruntant tantôt à l’explication de texte, tantôt au commentaire composé, et pourrait constituer la base d’investigations plus poussées autour du sens littéral et de ses multiples implications (on consultera pour cela les précieux éclairages présentés essentiellement dans les ouvrages de Mireille Sacotte et Colette Camelin, ainsi que l’excellent commentaire livré dans Saint-John Perse sans masque sous la direction de Joëlle Gardes Tamine – voir bibliographie). Ainsi conçu, le commentaire présenté ici ne vise qu’à défricher très modestement le texte.

  

Commentaire détaillé

COMMENTAIRE

  

Chronique, écrin du temps                                                              

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

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La solennité même du ton de Chronique, la hauteur de vue qui est adoptée par le poète pour aborder finalement les questions essentielles de la destinée humaine à l’heure du rendez-vous avec la mort, la majesté de l’expression, tout cela que retiennent l’esprit et la sensibilité du lecteur, peut aussi faire perdre de vue l’extrême densité à la fois spirituelle et poétique de l’œuvre. Pourtant, ce poème dans lequel la puissance de Perse semble comme concentrée vers un dépassement ultime n’est pas un simple morceau de bravoure, et il est important de distinguer dans les entrelacs de cette somptuosité même, les différents aspects d’une pensée originale de la mort et de la fin de la vie.



L’ardeur du « Grand âge »


Il est aisé de constater combien Chronique s’éloigne de toute la tradition du propos poétique sur la vieillesse, puisque reprenant même le motif conventionnel du crépuscule, le poème en inverse littéralement la valeur, pour attribuer à ce moment un afflux d’ardeur tout particulier. Il n’est jusqu’à l’appellation même de qui ne traduise une volonté laudative : le « Grand » âge, c’est bien sûr l’âge avancé, mais c’est aussi l’âge de la grandeur. Tout comme le précisent les deux premiers chants et conformément au ton général, ce moment de l’achèvement d’une vie serait aussi celui d’un renouvellement des forces vives. La chose peut sembler paradoxale, mais l’œuvre fait effectivement résonner dans le chant même de la vie déclinante, les ferments d’une profonde renaissance car il s’agit d’atteindre en ce moment précis, la quintessence de l’énergie vitale, pour en emplir le temps humain. La saisie de l’intensité bénéficie en l’occurrence, de tout un itinéraire déjà accompli ; elle se réalise donc sur le registre premier d’une récapitulation, d’un bilan de l’action humaine, constatant au terme de la course, que la disposition à constamment actualiser la force vitale compte plus que les réalisations elles-mêmes. L’acquis essentiel est celui de la liberté qui a conditionné l’action, mais l’aiguillon de la conquête est bien supérieur à toute œuvre achevée. En cela, l’homme est confronté peut-être en ce « Grand âge », au vertige du temps.



Les fortunes de Chronos


Le temps lui-même est donc le pivot de l’œuvre. Le protocole du bilan implique le regard porté sur un temps achevé, clos. Or, c’est justement d’une continuité qu’il s’agit, car cette énergie vitale déborde de toute part, venant même abolir une chronologie délimitée. Le temps de l’enfance, le temps de la quête et de l’errance (où l’on reconnaît bien sûr les motifs personnels, tout de suite transposés et généralisés), rejoignent le temps du bilan lui-même : l’homme est confronté à un continuum qui l’englobe et le renvoie à la question fondamentale de l’unité. Où trouver, où débusquer cette unité, sinon dans l’illusion d’une chronologie rassurante ? Elle apparaît en fin de compte dans la perception, ou plutôt la sensation de l’instant, entité où se concilient tous les temps ponctuels de la vie en une continuité agissante. C’est à partir de la perception de cette continuité qu’émerge la conscience du destin humain, et de la vie comme « une seule longue phrase », irréductible aux périodisations sommaires – ainsi en est-il de cette destinée de la quête, de l’errance, du dépassement, inscrits déjà dans l’enfance, où s’ancrait l’identité de l’étranger et le drame de l’exil. Le temps, l’instant, l’abolition des frontières temporelles (tout le temps est présent au moment où s’énonce le rendez-vous qui motive le poème), pour déboucher finalement sur l’intemporalité.



Les chemins de la transcendance


Chronique permet, à partir de cette continuité temporelle à laquelle aboutit la vie, de situer la grande spécificité de la notion de transcendance chez Perse. Car bien sûr, cette sérénité alliée à cette ardeur, se conjuguent au moment même où l’homme doit se préparer pour une dimension non seulement intemporelle, mais aussi éminemment supérieure, celle d’un autre parcours que l’itinéraire terrestre désormais achevé. Et Perse reconnaît bien sûr, la prééminence de l’âme sur le corps, il ratifie également la sphère de l’éternité, mais tout cela n’a rien à voir avec un quelconque registre religieux. La transcendance qui s’exprime incontestablement dans cette « outre-mort » qu’annonce, plonge ses racines dans l’immanence qu’on a dite (avec sa dimension éminemment terrestre, d’où l’exaltation de la Terre elle-même – le motif reviendra dans les derniers poèmes), qui permet de cerner l’être au-delà même de la vie. La préoccupation d’une entité supérieure qui fonderait et qui régirait cette transcendance-là est évacuée par le poète, et tout se passe comme si son propos annulait par lui-même toute interrogation à ce sujet. Il s’agit pour lui non de postuler en un au-delà, mais de reconnaître une dimension transcendante radicale qui serait plus proche de l’ataraxie universelle du taoïsme (dont les traces sont importantes chez lui) que de toute autre forme de spiritualité.






  

PANORAMA THÉMATIQUE

  

Commentaire

détaillé (cliquez)

Les huit chants de Chronique tiennent en tout point la promesse de cette note que Saint-John Perse fit à propos du poème dans le volume de ses Œuvres complètes (p. 1132-1133) : « Sous son titre, Chronique, à prendre au sens étymologique, c’est un poème à la terre, et à l’homme, et au temps, confondus tous trois pour moi dans la même notion intemporelle d’éternité. » Une confrontation au « Grand âge » qui n’est pas une peinture poétisée de la vieillesse, mais un regard fulgurant porté sur le parcours terrestre, au moment où se précise le face-à-face serein avec la mort : tel est le motif altier de Chronique, qui consacre l’unité du temps et sa plénitude vécue dans l’énergie fondatrice et réconciliatrice.