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GENÈSE

  

Chant pour un équinoxe, vers l'alliance                                                      

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

Saint-John Perse                     


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Voir la synthèse sur l'élaboration des Œuvres complètes

Et ce sera au tour de « Nocturne » d’évoquer ce grand âge qui avait fait l’essentiel de Chronique. Publié dans la NRF en 1973, le poème avait été composé l’année précédente ; en 1972, le poète de quatre-vingt cinq ans est diminué, affecté notamment par la maladie. La parution de ses Œuvres complètes paraît livrer de son vivant l’unité d’un parcours avide, mais si « Nocturne » prend des allures funèbres et testamentaires, les « pas d’homme vers l’issue » annoncés dans Chronique seront résolument pour Perse, l’heure d’un chant ardent et passionné que va sceller « Sécheresse », écrit et publié en 1974.


L’heure de la sécheresse, mais aucunement de l’assèchement, car ce dernier texte dense est le plus long des derniers poèmes, le plus riche aussi, en accord avec une exacerbation de la quintessence spirituelle et de l’élan vital, à laquelle toute la poésie de Saint-John Perse aura été dédiée en quelque manière, sans que jamais ne vienne à défaillir l’« arbre du langage » qu’elle aura tant enchanté.

  

Bien sûr, pour ce qui touche à la poésie, la clôture de l’œuvre publiée dans le volume qui paraît en 1972, sur ces deux minces et superbes textes, « Chanté par celle qui fut là » et « Chant pour un équinoxe », est trompeuse, car parallèlement à cette vaste opération de mise en place du volume de la Pléiade, le poète n’a pas rompu avec l’écriture, et c’est jusqu’à sa mort en 1975 que se poursuivra son long dialogue avec la création.


Mais on le comprend, tout le travail de préparation de cette édition-mémorial va entraver la construction d’un nouveau cycle poétique pourtant prévu, d’autant que Perse est atteint par la maladie (une polyarthrite qui manifeste un cancer des os) et que ces années sont les dernières du poète. A la suite de la parution de la Pléiade, la vieillesse et la maladie vont empêcher l’achèvement du cycle en tant que tel, mais non la clôture de l’œuvre poétique, sur « Sécheresse » et son ardeur exacerbée.

Le recueil impossible


Jusqu’au bout, le poète garde en tout cas la perspective de ce nouveau cycle, un recueil qui aurait été consacré à la Terre, cette « dernière venue dans nos louanges » qu’évoque déjà Chronique avec tant de passion, le poète en ayant fait le théâtre de la destinée humaine. Après les vents, la mer et tous les éléments déjà évoqués dans cette poésie cosmique, jusqu’au désert d’Anabase, ce dernier recueil devait saluer la « Terre, notre Mère » à laquelle « Chant pour un équinoxe » adresse une ode somptueuse. On sait avec quelle minutie Perse a toujours construit ses recueils, retravaillant sans cesse ses poèmes jusqu’à leur stade final, modifiant leur agencement, le développement des images, remettant en somme constamment sur le métier la substance de leur genèse, avant de penser à une publication. De toute évidence, le nouveau recueil en question aurait dû connaître le même sort, mais le temps vint à manquer. Pour autant, des traces ont été laissées de ce vaste ensemble : il s’agit bien sûr de ces fragments de Chant pour un équinoxe, mais aussi d’un dossier conservé à la Fondation et qui atteste de cette architecture d’un cycle. Mais c’est aussi le témoignage concordant de plusieurs de ses visiteurs de l’époque, qui ont effectivement pu voir l’imposant dossier manuscrit sur lequel travaillait le poète, qui portait le nom de « Gaïa, ô Terre » et comportait plusieurs centaines de feuillets. Comme à son habitude, Perse choisit de beaucoup supprimer de ses ébauches non abouties, et à l’exception de ces quatre diamants de Chant pour un équinoxe, il demanda effectivement à Dorothy Leger d’en détruire la totalité, ce qu’elle fit scrupuleusement. Les persiens bien sûr regretteront toujours cette perte et en demeureront à jamais inconsolables, mais ce fut là de la part du poète une fidélité à son mode de création, qui ne compte que si elle est l’exacte et parfaite transcription d’une alliance vécue avec le réel (« le poème suit le procès-verbal », disait déjà Vents).


En tout cas, alors que la Pléiade, même dans sa réédition posthume en 1982, ne livre pas l’ordre retenu par Perse quelques mois avant sa disparition, pour ce recueil publié effectivement en juin 1975 chez Gallimard, soit un mois après sa mort, c’est bien celui que reproduit l’édition Poésie / Gallimard. Du reste, dans les Œuvres complètes, la mention de recueil Chant pour un équinoxe ne figure pas non plus, les deux derniers poèmes apparaissant dans le corpus des œuvres étant « Chanté par celle qui fut là » et « Chant pour un équinoxe », et la réédition de 1982 livrant en fin de volume, en « Supplément » les deux derniers poèmes, « Nocturne » et « Sécheresse ». En matière de fragments du cycle projeté, en fin de compte seuls « Chant pour un équinoxe » et « Sécheresse » paraissent ressortir de cet éloge à la Terre dont il aurait été question, car « Chanté par celle qui fut là » et « Nocturne » livrent quant à eux des regards intimistes sur l’amour et le temps, sans que cette dimension « tellurique » des deux autres textes n’y soit réellement présente.


Fidèle aussi à sa loi de la transposition poétique, Perse a pris soin de faire de « Chanté par celle qui fut là » le chant de l’amour qui tout naturellement, s’inscrit dans la continuité de cet intense dialogue des amants institué dans « Etroits sont les vaisseaux » d’Amers. Pourtant, c’est bien vers sa compagne réelle que s’élève ce chant composé en 1968, et qui aurait lui-même constitué un élément d’un ensemble que le poète désirait dédier à son épouse, comme il le dit en privé en 1973. Dorothy fut en effet la compagne si attentive qui aura veillé sur le poète et la postérité de son œuvre après sa mort, mais aussi la muse incarnant une image idéale de la femme, depuis Amers. Sous le titre Poème, « Chanté par celle qui fut là » fut publié à la NRF en janvier 1969, puis dans une édition de luxe réalisée par des bibliophiles de Marseille.


En 1971, au moment de « Chant pour un équinoxe », Perse a achevé un an auparavant sa Pléiade. Le poème était destiné initialement à une édition dans Le Monde, et sera publié dans la NRF en septembre 1971. Plus que jamais, l’alliance avec ce Sud qui l’a accueilli en 1957 est consommée, et c’est en ce lieu qu’est évoqué cet équinoxe marquant l’alliance de l’homme et du cosmos. Le poète, comme l’œuvre, semblent avoir atteint un point d’équilibre ultime.





  

Ordonnancement de l’œuvre poétique, réécriture ou création d’une grande partie de la correspondance, mise au point de cette « Biographie » qui ouvre le volume par le rituel caché de l’autobiographie… L’ensemble est en effet imposant, pour cette expérience inédite qui aura nécessité tant de patience et d’énergie. Il ne faut pas y voir qu’une compilation de l’œuvre établie mais bien au contraire, son parachèvement autant que sa mise en scène, qui est elle-même une œuvre en soi. Le seul fait d’ailleurs que le poète poursuive alors son œuvre indique bien qu’il n’ait pas considéré, au contraire de certaines accusations, uniquement sa propre légende close sur elle-même, mais fidèle à son attachement au mouvement, clé de la création et de la vie.




  

En tant que recueil, Chant pour un équinoxe regroupe les quatre derniers poèmes de Saint-John Perse, écrits de 1968 à 1974. Deux d’entre eux, « Chanté par celle qui fut là » (1968) et « Chant pour un équinoxe » (1971) ont été publiés dans les Œuvres complètes, éditées en 1972. Les deux derniers poèmes, « Nocturne », (1972) et « Sécheresse » (1974), ne seront intégrés qu’à titre posthume dans la réédition de la Pléiade, en 1982. Ces textes brefs datent de ces dernières années du poète, entièrement accaparées par l’élaboration de ses Œuvres complètes, véritable testament littéraire et poétique. Ils constituent les seuls fragments d’un ensemble plus vaste que le poète n’eut le temps d’achever.


Le contexte de la genèse de ces poèmes est donc essentiellement celui de la « grande affaire » des dernières années de Perse, celle de l’élaboration de cette Pléiade par laquelle le poète a choisi d’établir la postérité de son œuvre, tâche colossale qui d’ailleurs va quelque peu éclipser le temps passé à la rédaction des poèmes en tant que tels. Du reste, c’est la place même de ces ultimes poèmes qui est conditionnée par la primauté de cette grande œuvre de l’époque, car la Pléiade sera orchestrée de main de maître par le poète lui-même, fait unique en son genre, et qui constitue bien cette « œuvre œuvrée » dont Perse a parlé à propos de Dante. Il est important de considérer le recueil de Chant pour un équinoxe dans cet équilibre difficile entre le monumental projet de la Pléiade et l’avancée dans un nouveau cycle poétique, dont seuls des éléments épars resteront, tels des diamants rares ciselés avec le burin du temps.



Le grand œuvre de la Pléiade


Au moment où il va composer « Chanté par celle qui fut là », le grand âge a encore avancé par rapport à l’époque où le poète de Chronique l’évoquait déjà, et dix ans après, à l’exception de quelques derniers voyages, Leger ne quittera plus à partir de ses quatre-vingt ans cette presqu’île de Giens qui accueille son antre des Vigneaux. Désormais, la majeure partie de son temps sera consacrée à la réalisation de ses Œuvres complètes dans la Pléiade, pour laquelle il a obtenu en 1965 l’accord de Gaston Gallimard (il s’agira en effet du seul exemple d’une « autoédition » effectuée par l’auteur lui-même, dans cette collection censée accueillir la somme des œuvres, sous une houlette universitaire dûment désignée). Aidé par son épouse, il va établir l’intégralité de l’édition, rassemblant les documents, suivant un plan de travail très ambitieux et où le moindre détail est savamment pensé : il s’agit d’agencer, de construire, d’édifier l’écrin de l’œuvre.