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Certains de ces poèmes étaient liés à l'origine au recueil Eloges : "Histoire du Régent" constituait le chant III du poème "Eloges" et évoque bien aussi son chant XII (la peinture du tremblement de terre), quant "Chanson du Présomptif" constituait le pendant de "Ecrit sur la porte", en clôture même d' "Eloges" (cf. Mireille Sacotte, Présentation et commentaire de Eloges et La Gloire des Rois de Saint-John Perse, Paris, Gallimard, "Foliothèque", 1999). Comme le souligne Mireille Sacotte, le nouvel agancement de cet ensemble, intervenu en 1948 et confirmé pour les Oeuvres complètes en 1972, confère à la suite un sens tout à fait nouveau, pour ainsi dire narratif.

Amitié du prince, IV par Jean Topart


  

Extrait du manuscrit d'auteur d' "Amitié du prince", I

La Gloire des Rois, l'imaginaire dynastique                                                       

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© 2014 Saint-John Perse, le poète aux masques (Sjperse.org / La nouvelle anabase). Site conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry.

  

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Les enseignements d'une genèse : de l'hétéroclite à la chronique


Ce nouvel ordonnancement vient par conséquent achever une genèse qui seule parvient à donner son sens définitif à un ensensemble quelque peu tiraillé entre Eloges et Anabase. C'est l'itiniéraire même de cette "chronique dynastique" que Mireille Sacotte mieux que quiconque, a su préciser (présentation en "Foliothèque" précitée) :

Très vieille femme de balcon

Sur sa berceuse de rotin,

Et qui mourra de grand beau temps

Dans le faubourg d’argile verte…

« Chantez, ô Rois, les fils à naître ! »


Aux salles blanches comme semoule

Le Scribe range ses pains de terre.

L’ordre reprend dans les grands Livres.

Pour l’oriole et le chevreau,

Voyez le Maître des cuisines.


"Berceuse"

  

Et la maison chargée d’honneurs et l’année jaune entre les feuilles

sont peu de chose au cœur de l’homme s’il y songe :

tous les chemins du monde nous mangent dans la main !


"Chanson du présomptif"

  

Je reviendrai chaque saison, avec un oiseau vert et bavard sur le poing. Ami du Prince taciturne. Et ma venue est annoncée aux bouches des rivières. Il me fait parvenir une lettre par les gens de la côte :

« Amitié du Prince ! Hâte-toi… Son bien peut-être à partager. Et sa confiance, ainsi qu’un mets de prédilection… Je t’attendrai chaque saison au plus haut flux de mer, interrogeant sur tes projets les gens de mer et de rivière… La guerre, le négoce, les règlements de dettes religieuses sont d’ordinaire la cause des déplacements lointains : toi tu te plais aux longs déplacements sans cause. Je connais ce tourment de l’esprit. Je t’enseignerai la source de ton mal. Hâte-toi.

("Amitié du prince", III)

  

- D'abord utilisé pour servir de clôture à "Eloges", "Chanson du Présomptif" ressemble par bien des aspects à l'ouverture du recueil "Ecrit sur la porte". On y trouve la même force tranquille d'un homme qui possède l'autorité et vot le monde s'ordonner autour de lui. Mais celui qui tenait à sa propriété, à sa maîtrise du monde est maintenant devenu, au moins en esprit, un errant familier de tous les exils, de toutes les dépossessions ; conscient de la vanité de l'avoir, il s'est converti au seimple désir d'être au milieu des choses du monde : "Et la maison chargée d'honneurs et l'année jaune entre les feuilles / sont peu de chose au coeur de l'homme [...]."


En 1925, séparé des trois premières composantes du futur recueil La Gloir des Rois par "Images à Crusoé", le poème appartenait donc de plein droit à l'ensemble Eloges. Il en sortira en 1948, sera placé après la sanglante "Histoire du Régent" pour proposer en contrepoint l'image d'une période de calme, de sécurité retrouvée.

"Berceuse" [On ignore à quelle date le poème a été écrit. Publié isolément, en 1945, il aurait pu être, sans doute, intégré aussi bien à Anabase ou à Exil. Mais le mythe dynastiquede La Gloire des Rois pouvait lui donner et recevoir de lui un sens pleinement satisfaisant.], qui lui succédera, viendra alors, quoique sous une allure très différente de quintils réguliers en octosyllabes, parachever cette chronique en résumant une nouvelle période : le trône est occupé par un couple princier, mais une grave crise est en cours. Ce roi et cette reine s'entendent en effet, ils ont procréé, l'enfant est né. Mais c'est une fille, et l'ordre impose qu'un fils succède à son père. L'infante "première-née" a donc été empoisonnée au lait d'euphorbe et on attend les fils à naître. Le recueil reste ainsi ouvert : "les fils à naître" naîtront-ils ? S'ensuivra-t-il alors une période prospérité ? Ou, s'ils ne naissent pas, quelle régence, quelles guerres civiles ? L'Histoire n'a plus qu'à suivre son cours.

Par cette succession d'épisodes de paix et de troubles "Récitation à l'éloge d'une Reine, dont le sens s'était déjà infléchi par le rapprochement et le dialogue avec "Amitié du Prince", se charge d'une nouvelle signification par rapport à l'ensemble de La Gloire des Rois cette fois. En opposition à cette chronique historique, ce premieer poème serait une représentation possible d'avant les temps, d'avant les luttes pour le pouvoir, de l'époque mythique des origines, où une déesse-mère régnait aussi naturellement que la lune ou le soleil sur une terre ronde à son image, générant la sécurité pour tut un peuple primitif.

Cette genèse d'un recueil nous éclaire sur la création de Saint-John Perse. On voit qu'il essaie des structures successives jusqu'à ce qu'il découvre celle qui fera signifier le plus possible les poèmes associés. L'oeuvre s'établit aussi dans un mouvement dialectique où chaque poème, si apparemment solitaire et clos soit-il, est nécessairement amené à entrer dans un tout signifiant auquel il donne forme et sens, en se trouvant à sa juste place, tandis que ce tout confère lui-même un supplément de sens à chacun des éléments qui le constituent."

C'est donc bien sous ce dessein général qu'il convient d'envisager chacun des poèmes si différents entre eux et qui, se rapportant à des époques distinctes de la création poétique, sont les chaînons d'une transition, de "Saint-léger Léger" à Saint-John Perse. Le départ, qui est aussi détachement de la période de l'enfance, sur laquelle se clôture Eloges, se confirme ici dans cet imaginaire dynastique, comme un choix réitéré vers la conquête, moyennant d'ailleurs l'errance, et en tout cas vers les accents épiques d'Anabase.

Le recueil de l'éclosion


Quelle que soit l'admiration que l'on peut légitimement porter à Eloges, il est indéniable qu'avant l'accomplissement que marquera Anabase quant au style propre de ce « Saint-John Perse » qui n'apparaît qu'en 1924, une sorte de phase de transition, où se joue justement l'éclosion de ce style, s'effectue au gré du recueil de La Gloire des Rois. Particulièrement hétéroclite dans son agencement, regroupant des poèmes faisant initialement partie des premières éditions d'Eloges (c'est le cas de « Récitation à la l'éloge d'une reine »), un poème composé en pleine période asiatique, époque d'Anabase (c'est « Amitié du prince »), sans parler de « Berceuse », revu en 1945, l'ensemble permet néanmoins de jauger cette transition et cette éclosion décisives, où se fixent davantage les repères de l'imaginaire en germe dans Eloges, autour des déclinaisons du cérémonial, ici appuyé en une sorte d'itinéraire que Mireille Sacotte a repéré dans sa monographie, (Alexis Leger / Saint-John Perse), où elle a su débusquer l'unité de ce recueil très composite, sous le motif d'une « chronique dynastique ».



La composition


Il est important d'avoir à l'esprit les étapes d'écriture et de publication des différents poèmes du recueil, qui ne seront assemblés par le poète dans l'ordre qu'on leur connaît aujourd'hui que lors de la publication de la troisième édition d'Eloges parue en 1948 chez Gallimard, ordre repris dans les Œuvres complètes en 1972 (à savoir : « Récitation à l'éloge d'une reine », « Amitié du prince », « Histoire du régent », « Chanson du présomptif », « Berceuse »). Le plus ancien poème de l'ensemble est « Récitation à l'éloge d'une reine », écrit comme « Pour fêter une enfance », en 1907 et publié dans la NRF en 1910. « Amitié du prince » date de la période chinoise et est publié en même temps que « Chanson du présomptif » (initialement « Chanson ») dans Commerce en 1924, la même année qu'Anabase. A noter qu'on ne peut être sûr de la période d'écriture de « Berceuse », mais il est vraisemblable que le poème ait été écrit également à l'époque d'Anabase et d' « Amitié du prince » ; il a en tout cas été remanié avant sa publication en 1945, dans le premier numéro de la revue Mesa, à New York.







  

"La genèse du recueil La Gloire des Rois est particulièrement exemplaire de [la] conquête progressive d'un sens :

- "Récitation à l'éloge d'une Reine", premier poème écrit et publié de cet ensemble, restera en tête de l'assemblage. L'étrange personnage mis en sacène comme une divinité obèse et impénétrable n'a aucun raport apparent avec ceux d' "Ecrit sur la porte", "Images à Crusoé", "Pour fêter une enfance'". Rien n'indique encore qu'à partir de ce personnage central de la Reine vient d'être posé le premier jalon d'une chronique dynastique. Rien ne permet non plus de déceler les parentés secrètes qui amèneront cette "Récitation" et "Pour fêter une enfance" à jouer des rôles parallèles dans la signification des recueils à venir. Entre le tableau d'une déesse-mère primitive et celui d'un enfant blotti sous sa moustiquaire, on peut tout au plus trouver les rapports d'une nature tropicale qui les entoure, l'omniprésence des formes rondes et la suprépatie de l'élément liquide.


- "Histoire du Régent" est ce qui éclôt ensuite, mais parmi les composantes qui forment "Eloges". C'est un chant de violence : du sang sur une arme, des fuites en désordre, des grappes de morts sur des bûchers, une scène de catastrophe en cours. Dans la suite d' "Eloges", ce chant s'accorde avec le tremblement de terre du chant XII : des morts en tas et la folie qui se promène. Parfaitement à sa place dans ce contexte parmi les menaces induites par le volcan et le climat tropical, un peu redondant toutefois par rapport au chant XII, ce poème changera de section et donc de signification en 1925. Ce chant, évoquant aussi bien une période de désordre après une période d'ordre et de stabilité, pourra entrer dans une représentation historiqueoù toujours les périodes de paix et les troubles alternent. Le cataclysme naturel initial pourra, presque sans changement, prendre la valeur d'une scène de guerre civile; Il suffira d'ajouter un alexandrin à l'intérieur d'un verset pour que l'illusions soit parfaite : "Et les Rois couchaient nus dans l'odeur de la mort." Ces Rois repoussent l'épisode vers la chronique dynastique.


- De Chine, Alexis Léger rapporte "Amitié du Prince" et "Chanson" (et Anabase) qu'il va publier simultanément. Dès la publication de 1925, le premier trouve sa place après "Récitation à l'éloge d'une Reine", comme le deuxième volet d'uen histoire dynastique qui pend soudainement forme. La Reine revient, mais sous une apparence peu reconnaissable. jadis être de pouvoir et de sensualité engendrant la sécurité autour d'elle dans "Récitation", elle est désormais en proie à des appêtits sexuels incontrôlables, décrite comme l'antithèse du Prince ascétique qui s'en détache avec horreur. Incompréhensibles l'un à l'autre, ils s'évitent et n'auront pas l'héritier que le peuple était en droit d'attendre.