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Avec Saint-John Perse, Jean d'Ormesson partageait le rare privllège d'avoir été publié de son vivant dans la Pléiade. En 1998, dans le second volume d'Une autre histoire de la littérature française, l'académicien avait consacré au poète un texte que voici.

Ils parcourent en silence « les grandes lignes calmes » de la terre, les bords « des fleuves morts, comme des pans de siècles en voyage » et


Les mers catholiques couleur de casques, de rapières et de vieilles châsses à reliques.


La voix de Saint-John Perse, c'est la voix de Claudel qui se serait soumise à la rigueur de Valéry. D'innombrables études — Roger Caillois, par exemple, dans sa Poétique de Saint-John Perse, Jean Paulhan dans ses Énigmes de Perse ou encore le numéro d'hommage de la N.R.F. : Honneur à Saint-John Perse — soulignent à quel point cette poésie oraculaire, ce rituel de célébration sont nourris de réalité, de souvenirs et d'histoire. « De surprenants rapprochements sensuels, mais toujours fondés dans la sensation même, écrit Roger Caillois ; des descriptions allusives, faites d'un assemblage de détails énigmatiques à force d'être concrets, mais toujours attestés par l'expérience ou la tradition ; enfin de vastes catalogues où l'hétéroclite paraît à son comble et qui ne supposent rien de moins qu'une sorte de science encyclopédique.»


Poésie pour accompagner la marche d'une récitation en l'honneur de la mer,

Poésie pour assister le chant d'une marche au pourtour de la mer,


Ce que souligne la liturgie épique et athée de Saint-John Perse, c’est une appartenance totale de l'homme à la terre. Tout est sacré dans la poésie de Saint-John Perse — et rien n'est moins religieux. Il est le héraut exigeant d'un sacré sans transcendance. « Dieu, constate Claudel, est un mot que Saint-John Perse évite religieusement. »


Terre arable du songe !


Saint-John Perse laboure les mythes et le monde réel qu'il transfigure et traduit dans une langue plus secrète. Il semble illustrer les vers de Pindare traduits par Valéry : « Ô mon âme, n'aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible ! »

Hautain, secret, mystérieux, entre rites et souvenirs, dans la solennité hermétique du discours oraculaire et des cortèges hiératiques, Saint-John Perse recrée l'univers et le célèbre avec magnificence. Il allie, comme Chateaubriand, une existence politique et publique à une expérience poétique. Mais il les sépare avec rigueur. Il chante, comme Claudel, une « adhésion totale à ce qui est ». Sa voix pourtant est unique dans une littérature où, comme Mallarmé ou Rimbaud, mais par des procédés radicalement différents, il introduit le profane en le frappant de stupeur, d'admiration et de terreur sacrée.


  

Autant que les affaires — publiques et privées —, le Quai d'Orsay, en ces temps-là, cultivait la poésie.

Alexis Léger occupera son poste jusqu'à l'écroulement de 1940, ne publiera rien pendant dix-sept ans, sera un partisan de la guerre préventive contre Hitler, se réfugiera après la défaite aux États-Unis, qui deviendront sa seconde patrie et où il exercera des fonctions à la librairie du Congrès. Une solide inimitié mutuelle l'opposera au général de Gaulle qui lui barrera l'entrée à l'Académie française. Il recevra en 1960 le prix Nobel de littérature. Il mourra dans sa propriété de Giens, près d'Hyères, dans les bras de Dorothy Russell, une Américaine qu'il avait épousée à l'époque de son retour en France après une absence, à nouveau, de dix-sept ans.


Pleine de personnages hiératiques, et mystérieux, dont nous ne saurons jamais rien, de rituels millénaires, de pratiques disparues et étranges, l'œuvre de Saint-John Perse constitue une sorte de nomenclature et de célébration de l'univers d'où la grandeur n'est jamais absente et où l'anecdote se hisse à la dignité du mythe :

Et c'est la Mer qui vient à nous sur les degrés de pierre

du drame :

Avec ses Princes, ses Régents, ses Messagers vêtus d'emphase et de métal, ses grands Acteurs aux yeux crevés et ses Prophètes à la chaîne, ses Magiciennes trépignant sur leurs socques de bois, la bouche pleine de caillots noirs, et ses tributs de Vierges cheminant dans les labours de l'hymne...


Ou même, sur un mode mineur, quotidien, presque comique :


Les tatoueurs de Reines en exil et les berceurs de singes moribonds dans les bas-fonds de grands hôtels. Passent devant nous comme des songes, comme des mythes immémoriaux le Roi, l'Étranger, le Navigateur, les Cavaliers, l'Arpenteur, Les grands Usurpateurs de trônes et Fondateurs de colonies lointaines, les Prébendiers et les Marchands, les grands Concessionnaires des provinces d'étain el les grands Sages voyageurs à dos de bugles de rizières…




  

Au-delà de l'Araxe où bourdonne le gromphe,

Il regardait sans voir, l'orgueilleux Basileus,

Au pied du granit rose où poudroyait le leuss,

La blanche floraison des étoiles du romphe.

Accoudé sur l'Homère au coffret chysogonphe,

Revois-tu ta patrie, ô jeune fils de Zeus,

La plaine ensoleillée où roule l'Énipeus

Et le marbre doré des murailles de Gomphe?

Non! Le roi qu'a troublé l'ivresse de l'arak,

Sur la terrasse où croît un grêle azedarac,

Vers le ciel, ébloui du vol vibrant du gomphe,

Levant ses yeux rougis par l'orgie et le vin,

Sentait monter en lui comme un amer levain

            L'invincible dégoût de l'éternel triomphe.

Alexis Saint-Léger Léger naît à la Guadeloupe. Il passe toute son enfance sur cette île exotique où la mer est partout présente et sur un îlot tout proche, qui appartient à sa famille : Saint-Léger-les-Feuilles. Il poursuit des études à Pau, puis à Bordeaux, s'intéresse à l'alpinisme, à l'escrime, à l'équitation, aux plantes, se lie avec Jacques Rivière, avec André Gide, avec Paul Claudel, publie à la N.R.F. en 1911, sous le titre d'Éloges, un recueil de poèmes pleins d'exubérance tropicale et se présente avec succès, l'année même de la guerre, au concours des Affaires étrangères.

Comme Claudel une vingtaine d'années plus tôt, comme Segalen à peu près à la même époque, il passe cinq années en Chine, à Pékin, où il rencontre des sinologues éminents tels Granet ou Bacot, dont le savoir et les rêves ont sur lui autant d'influence que la sombre et lumineuse magie de ses Antilles natales. À son retour en France, il fait paraître, toujours à la N.R.F. et, pour la première fois, sous la signature de Saint-John Perse — « Le nom choisi, écrit-il, s'imposa mystérieusement à l'esprit du poète, pour des raisons inconnues de lui-même » —, un grand poème épique et mythique où un conquérant de légende se livre à la célébration d'un monde qu'il soumet à ses rites : Anabase. La même année, en 1924, il devient directeur du cabinet d'Aristide Briand, qui mène une politique de rapprochement avec l'Allemagne de Stresemann et soutient dès 1930, dans le fameux « mémorandum Briand », un projet d'union fédérale européenne. Briand meurt en 1932. En 1933, Alexis Léger obtient la dignité d'ambassadeur de France et est nommé secrétaire général du Quai d'Orsay en remplacement de Philippe Berthelot, autre grande figure du mouvement politique et littéraire de ce temps, auteur d'un sonnet fameux — et introuvable — aux rimes en -omphe, en -eus et en -ac :



ALEXANDRE À PERSÉPOLIS



  

Saint-John Perse (1887-1975)


Inventaire et célébration du monde




Diplomate comme Chateaubriand, comme Claudel, comme Giraudoux, comme Gary, à l'extrême opposé de tout ce qui peut faire penser à un poète maudit, au centre de beaucoup d'événements et soucieux pourtant de se protéger des confidences, des effusions et, d'une certaine façon, de ce commerce des hommes qu'il pratique mieux que personne, l'auteur d'Éloges, d'Anabase, d'Exil, d'Amers est une énigme à trois noms : selon ses humeurs, sa notoriété ou sa gloire, et surtout ses fonctions, il s'appelle Alexis Saint-Léger Léger ou, un peu plus haut, Alexis Léger ou, plus haut encore et très haut, Saint-John Perse.


  

  

Saint-John Perse par Jean d'Ormesson


  

Jean d'Ormesson (1925 - 2017)

DÉCEMBRE 2017

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