Synthèses, séminaire, journées d’études, documents : cette présente rubrique était destinée à fournir des instruments de travail ciblés en vue de l’épreuve de la session 2007. Pour le concours lui-même, la rubrique proposait en somme deux volets : un corpus analytique et documentaire « fixe » qui veut aider à l’appréhension des œuvres au programme, mais aussi un autre volet, plus évolutif celui-là, constitué de projets progressifs, tels que le séminaire en ligne, réparti sur plusieurs mois, ainsi que la diffusion de toute une série de documents. La mise en place du Forum Saint-John Perse a permis également un échange fécond entre les agrégatifs, donnant aussi l'opportunité de répondre à de nombreuses questions relatives aux œuvres au programme.
Parallèlement, La nouvelle anabase a contribué à la bibliographie spécialisée de cette année, avec un numéro spécial consacré aux œuvres mises au programme de l’épreuve : un deuxième numéro de la revue paru fin novembre 2006 : Saint-John Perse et la mantique du poème. Vents, Chronique, Chant pour un équinoxe. il s’agissait là de cette mise à disposition à l’attention des agrégatifs, d’un collectif d’études critiques précédé d’un essai didactique portant sur les œuvres du concours, comme cela avait en effet été annoncé sur le site et cette rubrique.Ce numéro spécial comporte en seconde partie un dossier philologique établi autour de découvertes essentielles et imprévues à propos de la genèse de Vents, découvertes mises en lumière au cours de l’élaboration de la publication.
Enfin, le concours du site et de la revue s'est concrétisé également par la tenue de journées d’agrégation, les vendredi 1er et samedi 2 décembre derniers, au Théâtre du Lucernaire (et éditées sur DVD par L’Harmattan Video).
Le concours de Sjperse.org et de La nouvelle anabase
Voué depuis sa création à une diffusion large de l’œuvre de Perse et à l’animation de la recherche qui se déroule dans son sillage, le site Sjperse.org et la revue La nouvelle anabase entendaient participer de manière active à ce moment important de cette année d’agrégation qui, au-delà même de l’échéance académique, représentait une opportunité exceptionnelle pour faire connaître, lire et relire un poète qui nous est cher entre tous. Ce concours actif du site et de la revue a consisté en trois voies :
Trente ans après…
Bien des mutations sont intervenues dans l’appréhension et le commentaire de la poésie de Saint-John Perse depuis, et l’œuvre est aujourd’hui bien explorée. On pourrait presque dire qu’une sorte d’aggiornamento de la critique et des études persiennes est passé par là, bouleversant les repères et le regard porté sur cette poésie autrefois réputée pour son hermétisme. Tout ce renouvellement, auquel le tournant de l’agrégation de 1977 a d’ailleurs grandement contribué, s’est en tout cas effectué au bénéfice d’un enrichissement de notre rapport à cette œuvre essentielle de la poésie moderne, si difficilement classable, si singulière dans sa forme comme dans l’horizon intellectuel qu’elle draine.
Nous voilà donc trente ans après l’agrégation de 1977, ce qui correspond aussi à la trentaine d’années qui nous sépare de la mort de Saint-John Perse, survenue en 1975. Pour ceux qui découvriraient le domaine critique persien cette année, le constat s’impose : le foisonnement est au rendez-vous pour ce qui est de ces vingt dernières années, au cours desquelles le rythme des publications s’est accéléré, et le renouvellement en question ne s’est jamais démenti depuis, suivant une étonnante continuité. Une histoire déjà, la trajectoire d’une élucidation progressive qui a connu ses propres lignes de force : la critique persienne a su, depuis ses prémices, se hisser au niveau des éclairages les plus exigeants. On peut d’ailleurs prévoir sans risque que cette année même, de nouvelles publications importantes seront encore présentes autour du programme du concours. Il ne sera pas inutile de pouvoir se repérer dans cette bibliographie persienne si riche – et c’est ce à quoi certaines indications présentées dans cette rubrique voudront concourir.
Pour tous les « persiens », la désignation de 2006 pour la session 2007 de l'agrégation fut un événement en soi : si Saint-John Perse a été présent dans les programmes du Baccalauréat ces dernières années, cela faisait bien trente ans qu’une présence à l’agrégation n’était plus arrivée. Il faut en effet remonter à 1977 pour voir Eloges et Anabase figurer au concours. Depuis, plus rien… Pourtant, si l’on compare la situation avec celle de 1977, il serait aisé de constater, ne serait-ce qu’avec la bibliographie disponible, que la tâche des candidats cette année, est mille fois plus enviable qu’il y a trente ans de cela.
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Les œuvres désignées
Le programme fixé pour le concours porte sur des œuvres assez dissemblables entre elles dans la production poétique de Saint-John Perse. Cette diversité même permet de prendre en compte différents aspects de la poésie de Perse, du souffle lyrique de Vents à la concision de Chant pour un équinoxe.
Ce champ vaste est représenté dans l’édition désignée pour le concours, à savoir ce second volume de l’œuvre poétique de Perse dans la collection « Poésie / Gallimard » : Vents suivi de Chronique qui comprend donc également, ainsi regroupés pour cette édition (et non pas, faut-il le préciser, tels qu’ils apparaissent, séparés, au sein des Œuvres complètes de Saint-John Perse dans la « Bibliothèque de la Pléiade »), les derniers poèmes dits de la période provençale, sous la dénomination générale de Chant pour un équinoxe. Un large spectre représenté en somme dans ce volume imposant déjà par sa densité. Il sera important d’aborder ces œuvres dans leur singularité qui relève certes d’une poétique propre, mais dont la variété est indéniable. En 1977, le programme portait essentiellement sur Eloges et Anabase ; pour 2007, les œuvres désignées intéressent un tout autre pan de la poétique de Perse, que d’aucuns pourraient qualifier pour ce qui est de Vents, de moment de la maturité. Ce serait oublier bien sûr Anabase, et le tournant que constituent les premiers poèmes de la période américaine du recueil Exil. Avec Amers, Vents occupe au sein de l’œuvre une place toute particulière, au point qu’on peut aujourd’hui, dans les meilleures analyses, parler d’un diptyque.
Les poèmes provençaux dessinent quant à eux une nouvelle ère de la poétique persienne, non pas un crépuscule, mais plutôt une braise, visant de nouveaux territoires esthétiques. Plus que jamais, l’esprit de synthèse sera utile pour apprécier les nuances de cette richesse-là, mais on ne peut que se féliciter de ce programme qui offre certainement la possibilité d’apprécier l’univers persien dans son ampleur.